Chapter I : Le destin n’existe pas, la fatalité non plus.
-Il n’y a plus d’espoir...Comment détruire une famille avec quelques simples mots... En même temps, quand on parle d’un fils seulement âgé de cinq ans, placé entre la vie et la mort, en salle de réanimation... Ce fils, ce garçon, c’est moi... Sauf que je ne suis pas inconscient. Pas du tout même. J’ai mal, très mal... Les spasmes ne soufflent pas la conscience... Pas du tout... J’entends cette phrase... Je la devine plutôt... Alors ils disent que je vais mourir... Les médecins pensent que je ne survivrai pas... Je suis malade, très malade... Et ils croient que je ne peux pas m’en sortir ? Ils sont nuls. Très nuls. Il y a tout le monde de l’autre côté de la vitre, ils sont tous tristes... Mais ils ne voient pas que je les regarde... Ah, si. Hélène me regarde. Ma cousine... Ma cousine préférée. On se ressemble beaucoup tous les deux. Vraiment beaucoup ! Si je m’habille en fille on nous prend pour des jumelles ! Sauf que j’ai les cheveux plus courts ! Et si elle, elle arrête de mettre des robes... Bah c’est pareil, on croit qu’on est jumeaux. C’est très drôle !
Nouveau spasme, nouvelle contraction au niveau du ventre... J’ai mal... Très mal ! Mais je ne peux pas crier, ça fait un moment que ma mâchoire est contractée. Je ne peux plus prononcer un mot... Je ne peux plus rien avaler non plus. Alors je suis sous perfusion constante... Plein de tuyaux... Plein de machines... On ne peut rien faire... Ils ont dit que comme je réagissais pas au traitement, j’allais mourir... Je ne veux pas... Je veux rester avec ma maman, avec mon papa, avec Titania, pouvoir encore jouer avec Hélène... Je ne veux pas abandonner moi... Ah, j’arrive à me détendre un peu... Ouf, moins mal... Même si j’arrive pas à bouger... J’ai trop mal... Et je suis très fatigué... Mais je regarde encore de l’autre côté de la vitre... Tout le monde est parti... Je ne les ai même pas vus bouger... Je sens des larmes couler le long de mes joues... Je veux qu’ils soient là... Je veux qu’ils restent avec moi...
Ils me manquent... Je suis là depuis déjà plus d’une semaine... Je crois. J’ai pas trop compris pourquoi je suis là... Les docteurs ont dit que je m’étais sans doute blessé sur un vieux truc de fer. Oui, je me suis coupé sur un grillage tout rouillé... Mais pourquoi je suis malade comme ça ? Je ne comprends pas trop... Soudain un nouveau spasme, une nouvelle contrastion ! Plus haut ! Je... Je n’arrive plus à respirer !!! Les machines se mettent à bipper très vite et de plus en plus fort... J’ai peur ! Très peur ! J’ai très mal aussi ! Mes poumons me brûlent ! Au... Au secours !!! Papa ! Maman ! Pitié... Venez... Je... Je ne tiens plus... Doucement je perds connaissance... Sauf que je ne veux pas. Les docs ont dit que je vais mourir. Bah non ! Je vais pas le faire ! Je ne veux pas ! Alors j’essaye de résister... Mais... je... J’ai trop mal... Je ne respire plus... C’est trop douloureux... Je... C’est... Trop... Dur... Je m’endors... Et je vais... Me... Ré... Veiller ?
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Bip. Bip. Bip. J’ouvre difficilement les yeux... J’ai mal... Outch, trop de lumière ! Et je tousse. Y’a un truc dans la gorge, ça fait mal, ça m’empêche de respirer ! Heureusement on me le retire... Ouf, mieux... Les machines continuent à faire bip régulièrement... Depuis quand je dors ? Je ne sais pas... J’entends des voix autour de moi mais je ne comprends pas ce qu’elles disent... Je bouge un peu... Oooh, ma mâchoire n’est plus contractée ! J’arrive à ouvrir la bouche ! Je suis tellement surpris que j’ouvre grand les yeux. Tout blanc, trop de lumière ! Mais je les garde ouverts. C’est tout flou mais je refuse de les fermer. Je veux comprendre... Je me force... Je pleure aussi, parce que ça fait mal aux yeux... Les gens continuent de parler... Et je comprends un petit peu...
-C’est véritablement un miracle ! Votre fils est tiré d’affaire ! Je ne comprends pas ce qu’il s’est passé mais la dernière crise a provoqué quelque chose qui nous a permis d’agir et de le guérir !-C’est merveilleux ! Il est totalement tiré d’affaire ?-Tiré d’affaire, oui. Nous allons le garder quelques temps en observation mais je pense que tout ira bien. Par contre, et malheureusement il en gardera des séquelles. Je crains qu’il ne reste fragile suite à un tel événement. Mais si vous faites attention à lui, tout ira pour le mieux.Je vais m’en sortir... Je vais m’en sortir... Je suis guéri... Fini le cauchemar... Finis les spasmes, les contractions... Je vais rentrer à la maison quand les docteurs auront fini avec moi... Je n’écoute plus... Je pleure aussi... J’ai compris... Ça va être fini... C’est trop bien... Je regarde ma sœur venir me faire un gros câlin ! Je la serre aussi dans mes bras... Enfin, j’essaye... C’est difficile, j’ai encore mal... Et puis il y a plein de tuyaux partout donc c’est pas facile de bouger... Puis ce sont papa et maman qui viennent... Ils pleurent aussi... Mais je sais qu’ils sont contents. Je sais... Le docteur il a dit que je vais être fragile mais je rentrerai à la maison... Alors c’est bien... Je finis par m’endormir dans leurs bras, tellement bien...
Chapter II : Seuls les souvenirs offrent une seconde vie.
Il fait beau. Très beau. C’est une belle journée d’été, il y a quelques gros moutons mais il ne pleut pas. On est bien sous le soleil de Normandie. Très bien. Enfin, c’est ce que je dis toujours. Sauf que là, moi, je préfèrerais qu’il pleuve... Je préfèrerais que ce soit un vrai temps de normand avec de la pluie, beaucoup de pluie... Trop de pluie. Un temps pour aller avec mon humeur, pour aller avec mes pensées... Un temps pour accompagner ces vêtements noirs que je porte, que tout le monde porte, pour accompagner ces larmes qui coulent sur mes joues... J’ai mal au cœur... Si mal... Je ne le supporte pas... Je ne supporte pas d’être là, au milieu de toutes ces tombes... Je ne supporte pas de voir celle qui est en face de moi... Non, c’est trop dur à supporter... Je veux m’enfuir, je veux disparaître... Mais je ne peux pas... Si je demandais à papa ou maman ils me laisseraient sortir mais je n’ai pas le droit de partir... Non, pas le droit... Pas... Du tout...
J’essaye d’écouter ce que le bonhomme en noir raconte... C’est quoi déjà, un prêtre ? Je m’en fiche... Je me fiche de qui c’est... Je regarde la tombe... Je regarde l’inscription... « Hélène Nadia Yasmine des Acres. Douce enfant partie beaucoup trop tôt. » Je regarde les dates... Elle aurait eu sept ans le mois prochain. Moi j’aurai sept ans dans quatre mois, en novembre. Hélène... Ma Hélène... Ma cousine... Ma chère cousine... Presque ma jumelle... Elle n’est plus là... Plus là du tout... Partie... À jamais... Plus jamais je ne pourrai jouer avec elle, plus jamais on pourra embrouiller tout le monde... Plus jamais... Elle n’est plus là... Les larmes redoublent... Encore plus quand je regarde la photo devant le trou au-dessus duquel il y a le cercueil de bois clair. Elle sourit... Sourit à celui qui a pris la photo. Et à moi, elle ne sourira plus... Plus jamais... Hélène... Elle me manque affreusement... Elle me manque trop... Ça fait trop mal... Je tourne un peu la tête quand le bonhomme en noir bouge, laissant la place à mon oncle. Il ne parle pas beaucoup d’habitude... Alors il va dire quoi ? Lui, je l’écoute.
-Hélène... Était ma fille... Mais aussi une petite qui adorait sa famille... Chaque jour elle l’a passé dans la joie et la bonne humeur, croquant la vie à pleines dents. Elle était heureuse de vivre, même si elle savait qu’elle était malade, que c’était grave... Elle était juste notre petit ange, un ange qui illuminait notre vie. Un ange qui a fait de mon existence un véritable enchantement pour chaque jour, chaque heure passée avec elle. Mais ces derniers temps elle n’allait pas bien, elle s’affaiblissait... On savait qu’il était de faire quelque chose... On avait une chance de la sauver, de lui permettre de vivre... Mais malheureusement, elle était malade... Et ça a tout bloqué. Finalement... Cette petite maladie idiote qu’elle avait attrapée lui a coûté la vie... Comme quoi... Même les petites choses peuvent venir à bout des anges... Hélène, tu étais mon ange... Je t’aime et soit tranquille là où tu es... Tu seras toujours dans mon cœur, dans notre cœur à tous... On t’aime ma chérie... Je t’aime...Je pleure encore plus... Jamais mon oncle a parlé autant... Et... C’est trop triste... Et il a raison... Hélène... Elle me manque... Elle manque à tout le monde... Je n’en peux plus... Je veux ramener ma cousine avec nous... Tous les gens pleurent... Et ce n’est pas juste... Moi on m’a sauvé... Alors pourquoi pas elle ? Ce n’est vraiment pas juste... Pourquoi elle et pas moi ? Pourquoi moi et pas elle ? Pourquoi ??? Je n’ai pas de réponse... Je regarde juste les gens passer devant le cercueil, disant quelques mots que je n’écoute pas du tout... Je ne veux pas les écouter... Ils sont déprimants... Et... Déprimants. C’est trop triste. Au bout d’un moment, je sens une main qui me pousse dans le dos. Maman m’invite à avancer, à y aller aussi... J’avale difficilement ma salive et m’avance timidement, faisant attention où je mets les pieds... Je me suis déjà cassé la figure dans l’église et je me suis écorché un genou... Alors je fais attention... Mais une fois devant le trou avec ce cercueil au-dessus, je ne sais pas quoi dire... Comment les autres ils trouvaient des mots ? Ça me semble si difficile... Je respire profondément... Et tant pis.
-Hélène... Tu es ma cousine préférée... Tu l’as toujours été et tu le seras toujours. Je t’aime Hélène, ma jumelle... Et tu sais quoi ? Les jumeaux ça ne se sépare jamais. Jamais. Alors tu vas rester avec moi, tout le temps. D’accord ? Tout le temps avec moi... Elwood et Hélène. Les jumeaux des Acres. Je vais penser à toi tous les jours ! Vraiment tous les jours ! Comme ça, tu sauras que je pense à toi et comme ça tu seras toujours avec moi. Toujours tous les deux... On l’avait dit hein ? On l’avait dit de toute façon, qu’on serait le plus longtemps tous les deux... Alors tu n’as pas le choix. Tu vas rester avec moi... Toujours...C’est nul hein... Je pleure, encore et encore... Mais j’ai parlé d’une traite. On a pas entendu mes sanglots... J’ai mal, mal au cœur... Je ne peux plus rien dire à présent, j’ai la gorge nouée et j’ai le hoquet... Un dernier regard à la photo... Hélène sourit encore... Elle me sourit... Oui, tous les deux ensembles, toujours... Elle n’a pas le choix... Je ne lui laisse... Pas le choix... Je finis par faire demi-tour et saute dans les bras de ma maman, pleurant à chaudes larmes. J’ai maaaal !!! Je ne voulais pas qu’elle m’abandonne !!! Elle est partie !!! Non, pas partie. J’ai dit qu’elle n’était pas partie. Elle reste avec moi. Elle est moi. On est tous les deux... Puisque c’est comme ça, je vais continuer à me déguiser... En fille. Comme ça tout le monde pensera à Hélène. Personne ne l’oubliera... Personne ne l’oubliera jamais... Jamais jamais... Je vais tous faire pour...
Chapter III : Comment les disputes peuvent tout briser...
Je suis coincée dans mon lit... Heu... Nan, coincé. Je suis pas allé à l’école aujourd’hui j’ai beaucoup de fièvre... Et je suis très fatigué... Et j’ai aussi très mal à la tête. En bas les parents se disputent... Encore... J’en ai marre, j’arrive pas à dormir moi... Et Titania n’est pas encore montée me voir, donc je suis vraiment tout seul dans ma chambre... Je m’ennuie mais je ne veux pas descendre parce que sinon je vais encore plus entendre papa et maman se disputer... Et je ne veux pas savoir de quoi ils parlent. Pas du tout. C’est toujours la même chose de toute façon... Pas assez présent, trop à droite à gauche, s’énerve trop facilement... C’est fatiguant...
Je finis quand même par me lever et je regarde le bazar dans ma chambre... Puis mon chat qui était à l’origine roulé en boule sur mon ventre. Oui, il me tenait chaud... Je souris et passe une main dans son doux pelage, il ronronne. Enfin, c’est pas mon chat mais celui de mon papa mais il passe beaucoup de temps avec moi. Je finis par ranger un peu ma chambre... Maman va râler si elle voit tout ça. Elle aime quand ma chambre est rangée. Bon, mais mes cheveux m’embêtent alors je fouille un peu dans mes affaires... Et je trouve un chouchou. Voilà, comme ça je m’attaque les cheveux et range.
Alors les dessins ils vont là... Mes cds ils vont ici... Oh, j’ai aussi déplacé mon lecteur de cds... Zut, je le remets à sa place. Heu... Quoi d’autre... Il y a plein d’animaux éparpillés partout. Bon. Je les ramasse et les remets dans leur bac. Quoi d’autre ? Mes livres. J’ai lu quatre livres aujourd’hui. Pas très longs mais je les ai lus. Les légendes... Légendes arthuriennes, mythologie gréco-romaine, égyptienne, nordique, slave, tous les Tolkien, j’ai plein plein plein de livres. J’ai pas tout lu, parce que certains sont trop compliqués et que je ne comprends pas mais... J’ai lu beaucoup de mes livres quand j’étais malade, donc quand je pouvais pas faire autre chose. Je ramasse donc les livres qui sont par-terre et les remet dans la bibliothèque. Je sais plus où ils se rangent... Pas grave, je les mets là où il y a de la place. Voilà, rangés ! Mieux, non ? Oui, maman ne râlera pas. D’ailleurs, en parlant d’elle...
-Harper, fait ta valise.Elle est entrée, comme ça, dans chambre sans dire un mot, la porte s’ouvrant en grand et allant claquer contre le mur ! D’ailleurs je sursaute et me tourne d’un coup vers elle. Elle m’a fait peur ! Et... Quoi ??? Ma valise ? Mais... Pourquoi elle la ramène ? Et pourquoi on s’en va ? Je ne comprends pas... Mais pas du tout ! D’habitude, quand maman est énervée, elle nous emmène, Titania et moi, comme ça. On fait jamais nos valises parce que on rentre soir ou le lendemain. C’est pas normal. Et je vois ma sœur passer devant la porte de ma chambre pour aller dans la sienne. Maman se retourne, allant repartir... Nan, moi je veux comprendre !
-Pourquoi les valises ? On va où ?
-Chez papi et mamie. À Eulgur.
-Quoi ???Mais elle ne répond pas et s’en va... Non... Ce n’est pas normal... Elle ne doit pas... On ne peut pas partir comme ça... Enfin, ça ne pas pas durer longtemps hein... Une semaine... Je passe tout de même la tête dans le couloir, curieux... Avant de grimacer et de me tenir un peu à la porte... Je me sens pas bien... J’ai la tête qui tourne... Tout bouge autour de moi... Et j’entends encore les parents hurler... Papa qui dit que maman ne peut pas partir avec nous, que moi je suis malade, elle qui lui répond qu’elle ne veut plus jamais le voir, et qu’il est hors de question que Titania et moi on reste avec lui... Mais... Non... Je ne veux pas que... Je descends les escaliers, doucement... En faisant attention à ne pas tomber... Maman passe à côté de moi et remonte... Je vais dans la cousine... Papa est assis à la table, la tête entre les mains... Je traine un peu des pieds sur le sol... Et le rejoint avant de poser une main sur la sienne... Il lève la tête, me regarde... Et m’attrape contre lui ! Je me retrouve sur ses genoux et il me fait un très gros câlin ! Je ne sais pas comment réagir...
-Pardon Harper... J’ai vraiment tout raté avec ta mère... Tout... J’ai fait erreur sur erreur... Ne fait pas pareil, je t’en prie... Ne fais jamais les mêmes erreurs que moi...Je le regarde sans comprendre... Erreurs ? Mais on en fait tous des erreurs ? Et puis c’est mon papa alors en n’en fait pas tant que ça... C’est le plus fort mon papa... Pourquoi est-ce qu’il dit ça ? Ce n’est pas normal... Et il a l’air si triste... Je tente un sourire... Et un bisou magique. C’est bien les bisous magiques. Les gens sourient avec ça... D’ailleurs mon papa sourit un peu. Ouais, je suis le plus fort ! J’ai réussi à le faire sourire ! Mais il perd très vite son sourire... Et je me retourne... Maman est dans la cuisine elle aussi... Je le regarde... Elle a rempli ma valise ? En tout cas elle l’a à la main... Et Titania a la sienne ! Non... Je comprends... On va s’en aller... On va vraiment s’en aller... Et je... Non ! Je ne veux pas ! Pourquoi ma famille s’éclate ? Pourquoi je dois perdre tout le monde ? Ce n’est pas juste ! Pas juste du tout ! J’essaye de refaire un câlin à mon papa mais elle m’attrape par la main et me tire en arrière ! Non ! Papa ! Je tends la main vers lui mais il ne bouge pas... Non ! NON !!!
-NON !!! Je veux pas partir !!!
-Tu te tais et tu viens !
-NOOOON !!!Mais je ne suis pas assez fort pour résister... Et un vertige me fait perdre toute ma force... Je m’écoule un peu, haletant... Je ne veux pas... Mais on ne me laisse pas le choix, je suis trop malade pour vraiment résister... Je me retrouve dans la voiture toujours nus-pieds... Je ne veux pas... Non ! Mais les portières sont fermes, avec la sécurité enfant ! Je ne veux pas, je veux rester avec papa ! Mais je ne peux que me retourner pour regarder... Regarder la maison qui s’éloigne... Ma maison... Ça... Je pardonnerai jamais aux adultes. Jamais... Ils me pourrissent la vie... Ils pourrissent la vie de ma sœur... J’en ai marre... Alors tant pis pour maman, tant pis si elle n’aime pas papa. Je vais l’embêter. Et puisqu’elle aime pas que je me déguise... Bah tant pis pour El’. Ce sera toujours Harper maintenant, toujours ! Je dénoue mes cheveux et fait la moue. Et puis d’abord je ne dis plus rien aux adultes. Na.
Chapter IV : Premier jour, nouvelle vie.
Je regarde les autres de la classe... Ils me dévisagent... Je ne suis pas très à l’aise dans l’uniforme... En France on n’a pas les uniformes... Et maman de m’a jamais laissé porter une jupe avant... Sauf que maintenant j’en ai une. Pas le choix. Je rougis finalement sous tous ces regards... C’est gênant... J’ai l’impression d’être une bête de foire... Je me cache un peu sous mes cheveux blonds, baissant la tête... Peut-être que j’arriverai à oublier que tout le monde me regarde parce que je suis nouvelle, et que j’arrive en cours d’année... Je dis quoi moi ? Je n’ose pas dire un mot... Je n’ose même pas lever les yeux... enfin... Si, une seconde... Et je croise le regard d’une petite brune au premier rang... Je rougis et regarde aussitôt mes pieds... Heu... Ouin, je veux rentrer, je suis pas à l’aise... J’ai peur de tous ces enfants qui me regardent... La maîtresse me demande de me présenter... Heu... Je fais mine de ne pas comprendre. Je vais réussir à y échapper ? Elle répète, plus lentement... Heu... Mais... Bon, d’accord. J’essaye, avec un accent français un peu forcé... Et en continuant à fixer mes pieds...
-B... Bonjour... Je m’appelle... Harper... Harper des Acres...Je ne dis pas un mot de plus... La maîtresse parle à ma place, elle explique que je viens de France, que les autres doivent se montrer gentils avec moi parce que je viens de France... Je relève un peu la tête puisque tout le monde la regarde... Et je fais rapidement le tour de la salle du regard. Vingts élèves. Vingt-et-un avec moi. C’est bon, pas plus que dans mon ancienne classe. Il y a des places libres dans le fond... D’accord, alors je vais aller là-bas. Je me mets où ? Si la maitresse ne choisit pas... À gauche ? Côté couloir ? Heu... Non, à droite, côté fenêtre. Comme ça je pourrai voir dehors. Et puis il y a un radiateur juste au bon endroit. C’est bien ! J’aime être à côté des radiateurs ! Comme ça, été et hiver, j’aurai la même température et je prendrai pas froid.
Je n’écoute pas ce que raconte la maîtresse... Je n’ai pas envie. Je m’ennuie... Mais je m’ennuie vraiment. C’est nul l’école. Je préfèrerais être à la maison pour jouer de la guitare. Ou du violon. Ouiii, du violon !!! Même si j’y arrive mieux à la guitare, j’adore le violon ! Et chanter... Chanter, chanson... Et danser... J’ai réussi à convaincre maman de me laisser continuer les cours de danse ! Le reste j’apprends toute seule mais pour la danse j’ai plein de cours depuis déjà l’année dernière ! Je regarde par le fenêtre... Il fait gris... Temps du nord quoi. Mais je préfèrerais être dans mon ancienne classe... Là je ne connais personne... Enfin, presque personne, parce que si je venais tous les étés ici, je sortais pas pour jouer avec les autres... De toute façon, maman ne voulait pas me laisser sortir : trop peur que je prenne froid. Pff, ces adultes... Tous nuls.
Le temps passe lentement... La maîtresse me demande plusieurs fois quelque chose mais je n’ai pas envie de répondre alors je fais semblant de ne rien comprendre. Elle ne connait pas maman donc c’est bon, elle lui dira rien. Pas aujourd’hui. Après, quand elle comprendra que, en fait, je m’ennuie, ce sera autre chose... Mais c’est vrai que je m’ennuie en plus. J’ai déjà fais ce cours... J’étais en CM2 le mois dernier, et là je suis en CM1... C’est trop nul. J’agite les jambes sous ma chaise, je joue avec mes stylos, je regarde dehors, je réfléchis à ce que je vais faire ce soir, je dessine dans mon cahier... Je ne veux pas travailler du tout. C’est nul l’école. J’attends la récréation moi, ce sera plus drôle, je pourrai être avec les autres. Ou au moins voir qui sont les autres de la classe.
Ah, enfin la récréation. J’ai l’impression d’avoir passé des jours à ma place. Je me lève, les jambes qui picotent un peu... Mais ça passe vite. Je suis tout le monde jusque dans la cours... Puis me poste dans un coin et regarde. Tout le monde court partout, discute, joue... Comme en France. C’est bien. Je vais peut-être pas être trop perdue... Je joue avec mes longs cheveux blonds, un peu timide quand même pour le coup... Je ne sais pas quoi dire aux autres... C’est... Bizarre... Je regarde les garçons qui se courent après... Les filles qui font de la corde à sauter... Heu... Bah finalement je vais vers les filles, m’approchant à petits pas... Elles arrêtent de jouer en me voyant arriver. Je tente un timide petit sourire et montre leur corde, puis moi... Avant de m’expliquer.
-Je peux... Jouer... Avec vous ?
-Oui, bien sûr ! Tu sais jouer ?Nan. Mais ça doit pas être très compliqué. Je regardais les filles jouer dans mon ancienne école. Alors je hoche timidement la tête... Et va jouer avec elles. Oups, plus compliqué que je pensais. Faut sauter au bon moment ! Mais pas grave, je tombe une fois, deux fois... Puis je comprends comment ça marche. C’est marrant ! Je m’amuse ! Oh oui, je m’amuse ! Et les garçons trouvent ça nul mais c’est bien comme jeu ! Et plus drôle que se courir après. Alors je souris... Je me sens bien comme ça. La récréation va bientôt finir, je ne parle pas vraiment mais ce n’est pas nécessaire. J’apprends comment je dois me comporter... J’apprends ce que je dois apprendre. Et c’est bien. Je vais mettre maman en colère, elle va s’inquiéter parce que je suis tombée, parce que je me suis un peu blessée, mais je m’en fiche. J’apprends. Définitivement, j’apprends. Et c’est drôle ! Plus drôle que l’école. La meilleure école est celle sur le terrain, c’est la vie. Parce qu’on apprend tout, tout, tout ! Même à changer complètement !
Chapter V : Il était une fois un chat qui savait parler.
Onze ans ! J’ai onze ans ! Ouais !!! Et papa a fait le déplacement à Eulgur exprès ! On a passé plein plein de temps tous les deux ! Mais maintenant que suis dans ma chambre et je regarde mon plus beau cadeau : un chaton. Un chaton somali, black silver aux yeux bleu foncé. Trop beau !!! Il a un mois et il est troooop mignon !!! Je craque ! *-* Il est roulé en boule et dort... Trop craquant... Et puis je suis trop contente, le chat de papa me manquait ! Maintenant j’en ai un rien qu’à moi toute seule ! Et maman ne peut rien dire parce que c’est mon chat rien qu’à moi et que je ne laisserai personne me le prendre ! Personne ! Mais là, j’ai un gros problème...
-Comment je vais t’appeler toi ?Bah oui, il lui faut un nom. Et je n’ai pas d’idée moi. J’ai trop de possibilités, comment je trouve la bonne moi ? Un nom, ça se donne pas comme ça. Il faut qu’il soit fier de son nom ! D’abord. Alors je réfléchis, le regardant... Gris... Qu’est-ce qui peut aller ? Argent ? Non, pas bien. Moon ? Heu... C’est pas un garçon ? Si, peut-être. Hum... Je trouve pas... C’est pas facile... Ou alors je me base sur la couleur de ses yeux ? Océan ? Ciel ? Ange... Oh oui, Ange ! C’est bien comme non ça ! Je souris et passe une main dans son doux pelage... Trop mignon... Il rouvre les yeux et me regarde... Je souris toujours... Troooop mignon !!! Je craque !!! *-*
-Ange, ça te va comme prénom ?
-C’est nul.Quoi ? J’écarquille les yeux et regarde partout... Sauf que dans ma chambre, il n’y a que moi et mon chaton... Que je regarde... Heu... Je rêve. Lui aussi me regarde... Heu... Oui, je rêve hein... Les chats ça ne parle pas... Ce n’est pas possible... Alors je lui grattouille la tête, sans rien dire de plus... C’est très bizarre comme impression... C’est pas que dans mes livres que les animaux parlent ? Maman a toujours dit que si... C’est... Très bizarre... Même si maman dit aussi que Titania et moi on descend du Chevalier des Fées, et donc d’une grande fée ! C’est marrant ! Mais j’aurais des pouvoirs magiques alors. Mais je n’en ai pas. Non, pas de pouvoirs magiques. Je suis juste une petite fille normale. Enfin, petite fille normale... La bonne blague. Bref...
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-Ange c’est nul. Et puis j’ai faim.Là j’ai pas de doute, c’est mon chat qui vient de parler ! Ôo Mais, mais, mais... Je comprends pas... Ce n’est pas normal... Pas du tout... Je... Je suis malade ? C’est ça, je suis malade ? Je pose une main sur mon front... Je n’ai pas de fièvre. Alors quoi ? Il m’arrive quoi encore ? C’est troooop bizarre ! Je ne comprends rien... Rien du tout... Heu... Je rêve ? Si je me pince je vais me réveiller ? Je ne veux pas en fait, je vais me faire mal pour rien. Mais je veux comprendre. Alors je fronce les sourcils... Et fixe le chaton. Chaton qui sursaute un peu d’ailleurs.
-Pourquoi c’est nul ?
-Parce que j’aime pas. Tu as pas mieux comme nom ? Autre chose que des trucs comme ça ?
-Mais t’as sale caractère toi ! Tu veux quoi comme prénom ? Vaillant ?
-Oui, dans le genre.J’écarquille les yeux... Heu... Je rêve complètement. Une de mes ancêtres est peut-être une fée mais là je... C’est... Bizarre. Très bizarre. Je discute avec un chaton... Je comprends ce qu’il dit. Et en plus il a sale caractère ! Sale bête ! Héhé. J’aime bien. C’est marrant. Il me tient tête alors qu’il n’a qu’un mois. Je vais bien m’entendre avec ma boule de poils ! Mais d’abord, il faut que je lui trouve un prénom... Heu... Je cherche, cherche, cherche encore dans mes souvenirs, dans mes lectures, dans les légendes que je connais... Quelque chose dans le genre... Je sais que je peux trouver, si je réfléchis assez... Alors... Heu... Non, pas les légendes classiques. Je mets de côté les gréco-latines. Pareil pour les légendes arthuriennes. Hum... Ah, trouvé ! Tolkien ! Les noms elfiques, je dois pouvoir trouver quelque chose de bien ! Alors, que je me rappelle... Qu’est-ce qu’il y a bien comme prénom elfique pour un garçon ? Hum... Ah, peut-être que...
-Astaldo ? Ça veut dire vaillant en elfique !
[color:eb17=0000ff]-Astaldo ? Bizarre... Mais d’accord. J’aime bien ! Va pour Astaldo l'aventurier !Je lui souris... Puis le prend dans mes bras où il se met à ronronner... Il est trop chou... Et je crois que ma vie va être encore plus bizarre maintenant que j’ai un chat qui parle. Même si c’est difficile de faire plus bizarre. Je suis bien là... J’ai un nouvel ami à qui parler, et lui il va savoir très vite mon secret, que je suis in garçon et pas une fille... Mais je lui ferai promettre de ne rien dire. En attendant je le caresse, le laisse ronronner dans mes bras... Trop chou !!! *-* Trop, trop chou mon petit Astaldo. Astaldo des Acres, premier du nom !
Chapter VI : Danse, chante jusqu’à en être malade...
Astaldo se marre. Pas juste. C’est pas parce que j’utilise les jeux de danse pour m’entraîner qu’il doit se moquer de moi. Bon, je le cherche peut-être un peu aussi, parce que je chante les paroles des chansons sur lesquelles je danse. Mes longs cheveux blonds attachés en une queue haute, je suis bien dans le salon, à répéter ! Comme ça je m’échauffe aussi la voix ! Même si j’avoue que je commence un peu à fatiguer... Je suis là depuis plus d’une heure, j’ai profité du fait que j’avais pas cours cet aprem’. Et comme je suis seule à la maison, bah j’en ai vraiment profité ! Et tout à l’heure je dois aller retrouver Aniel pour répéter. Oui, Aniel et moi on a fondé un groupe de musique ! Du haut de mes treize ans, lui de ses seize, on a déjà notre propre groupe de musique ! Qui c’est Aniel ? Mon meilleur ami rien qu’à moi ! Je ne le partage pas. Non mais oh. Bon, que je me calme.
Je change de chanson. Plus actif... C’est quoi ça ? Un rock. Ouais, génial ! Je souffle un coup, me prépare... Et la musique démarre ! Et je suis avec facilité. C’est moins bien que mes cours de danse mais c’est marrant aussi ! Je sais que maman va râler parce que je suis juste guérie, j’avais chopé la grippe, mais je m’en fiche. Je veux me dépenser ! Je veux bouger, m’amuser ! J’ai lu tous mes livres, maintenant faut que je fasse autre chose. Et cet autre chose, c’est ça ! Et qu’est-ce que c’est drôle ! J’enchaîne trois musiques à la suite, chantant sans retenue, évitant de chanter faux si possible, même si avec la fatigue je commence à avoir un peu de mal...
En fait, peut-être que je me surestime un petit peu... En effet, ma tête tourne vraiment... Je me sens mal... Très mal... C’est quoi ça encore ? La fatigues ? Des restes de ma grippe ? Je ne sais pas... Mais je recule jusqu’à m’écrouler sur le canapé... Booouugeee... Je me sens pas bien... J’ai très chaud... Plus chaud que normalement... J’ai mal au cœur, je sens une migraine pointer le bout de son nez... Outch... Qu’est-ce qu’il m’arrive ? Qu’est-ce que j’ai bien pu choper comme virus ou autre dans le genre ? Astaldo descend de son perchoir et vient se poser sur mon ventre avant de venir me regarder droit dans les yeux... Oui ?
-Toi, tu t’es encore chopée quelque chose. Harper, tu étais encore dispensée de cours hier, ce n’était pas une bonne idée de faire tout cet exercice aujourd’hui.
-Je te zutte...
-Moi aussi, comme ça on est deux.Mais heu... Ma réplique... Sauf que je me sens trop mal pour protester... Je continue à le zutter mentalement mais je sais qu’il a raison. Je n’aurais pas dû faire trop d’efforts. J’aurais dû rester au lit... Sauf que je n’en ai toujours fait qu’à ma tête... Toujours ! Et ce n’est pas demain la veille que je changerai, pas question ! J’ai MON caractère et personne ne me donne d’ordres. Même pas mon corps. C’est lui qui suit mes caprices, pas l’inverse. Alors si je décide qu’il tiendra le coup, il tiendra le coup. Bon... Là, je vais devoir appeler les autres pour leur dire que je ne vais pas pouvoir participer à la répét’... Ou pas. Je passe les doigts dans le doux pelage de mon petit Astaldo, qui n’est plus si petit que ça à vrai dire, il a déjà quatre ans, tandis que je ferme les yeux. Un peu de repos et je serai prête à repartir hein... Non, je ne suis pas malade... M’en convaincre suffira jusqu’à ce soir... Je ne suis pas malade, je ne suis pas... Malade... Non... Beu... Bah si en fait. Tant pis pour ma pomme. Youpie, j’adore ma santé fragile ! Je suis sûre que je vais encore louper les cours ! Cumulés, ça ne fera jamais qu’un moi de cours loupés... Alors qu’on est en octobre.
Chapter VII : Hé oui, c’est dur la vie de star.
Pfiouf ! Fatiguée ! Je m’écroule sur le canapé d’Aniel et refuse de bouger. Je suis crevée, vidée de toute énergie, morte ! Enfin bref, tout ce qui explique que je n’en peux plus du tout. Mais je suis super heureuse ! Super heureuse d’être épuisée comme ça ? Ouais ! Parce qu’on sort de concert ! Que nous on a organisé ! Ouais, tous seuls comme des grands ! Bon, Aniel a fait beaucoup pour que ça fonctionne, moi j’avais pas envie de me mêler de ça. Pas du tout, je déteste les responsabilités. Mais j’ai été obligée de donner un coup de main au final... Pas juste... Enfin bon, j’étais quand même super heureuse que ça fonctionne aussi bien !
Je me souviens... C’était vraiment trop bien... Y’avait ma sœur qui était là, elle était contente ! Y’avait mes anciens camarades de classe et ceux qui sont actuellement dans la mienne. Enfin, une partie, pas tout le monde. Mais c’était bien qu’il y ait du monde ! Des gens pour nous écouter, pour nous supporter... C’était... Génial ! Monter sur scène devant eux, partager notre passion pour la musique via nos instruments, via ma voix aussi... J’aime chanter, j’aime jouer de la musique ! C’est ma passion, c’est mon existence entière, c’est... Moi. La musique, la danse, c’est moi. Je ne vis vraiment qu’à travers ces choses. Je ne me pose plus de questions quand je dois chanter, jouer, danser. Plus besoin de savoir si je dois être Harper ou Elwood. Je suis entre les deux et aucun à la fois... C’est si étrange comme sensation... Oui, très étrange...
Je ferme les yeux, essayant de me retrouver mentalement à nouveau là-bas. La foule, la musique... Moi. Mon cœur battant fort, très fort sans jamais me gêner. L’adrénaline dans ton mon corps, une folle envie de juste m’éclater, de m’amuser, de faire partager ma joie d’être là. M’exprimer quoi. Faire plaisir à ceux qui sont là, les faire sourire, leur montrer combien la musique est passionnante, combien elle peut faire passer de messages, d’émotions. La musique est un message universel ! C’est plus qu’une passion, c’est une raison de vivre ! Il ne faut pas écouter la musique : il faut la vivre ! Et si on fait cet effort, alors tout le monde pourra comprendre pourquoi je pense ça. Musique, musique, musique... Trop bien !!! Je suis heureuse sur la scène ! Oui, c’est le bonheur !
Mais il faut bien que je revienne dans la réalité, malheureusement. J’entends les autres discuter... Pff, ‘pas envie de les écouter. J’agite les jambes, les balançant selon un rythme rapide et régulier. Ça soulève un peu ma robe noire aux motifs verts flous mais je sais que ce n’est pas assez pour que les mecs en profite. Non mais oh, je les connais bien moi. Faut pas croire. Même si, heureusement, je suis pas la seule fille. Enfin... Heu... Bref. J’ai trop la musique dans la tête pour me concentrer sur leurs bavardages. J’ai la musique dans la peau aussi mais je n’ai plus assez d’énergie pour danser alors je dois juste rester immobile et me reposer... Pas juste... Et puis Titania va pas tarder à débarquer pour me ramener à la maison. Maman va râler parce que je continue à m’habiller et me comporter comme une fille. Elle ne comprend rien, elle. Elle n’a jamais rien compris. Jamais ! Enfin bon... Je sens que quelqu’un s’assoit à côté de moi... Je tourne la tête, curieuse... C’est Aniel. Je lui accorde un regard interrogateur... Oui ?
-Pas trop fatiguée ?
-Aniel, j’ai quinze ans maintenant, je suis plus un bébé ! Alors non, je ne suis pas trop fatiguée, juste un peu. Fais pas comme ma mère.
-Tu as une petite santé, je fais attention à toi, c’est normal.Je soupire... Oui, je sais, les autres font attention à moi. Mais je n’aime pas cette satanée santé fragile. Pas du tout. Je suis souvent malade... Y’a deux ans, j’ai loupé les ¾ de mon année parce que j’étais tout le temps malade, ce qui fait que j’ai été obligée de redoubler ! C’est pas juste du tout ! Mais bon, c’était soit ça, soit je mourrais, alors autant m’habituer. On s’habitue à tout alors je m’y ferai un jour ou l’autre. Je finis par hocher la tête et me relève doucement... Outch, je vais avoir des courbatures demain. Ooooh, et j’ai pas fait mes devoirs pour demain ! Hum... Pas grave, j’irai à l’impro, comme toujours. Ca sert à rien de faire ses devoirs, suffit de deviner ce qu’i faut faire quand le prof interroge. Pas compliqué, non ? Bref. Ce soir : groooooos dodo !